Les Outrepasseurs : Les Héritiers

J’imaginais de la fantasy classique pour la jeunesse, j’ai découvert une histoire assez sombre et qui prend ses racines dans un Moyen Age merveilleux… tout ce que j’aime ! Sans aller jusqu’au coup de cœur, ce premier tome a été une excellente lecture et je ne manquerai assurément pas de lire la suite (qui arrivera dans ma bibliothèque très bientôt !).

J’ai cru comprendre que plusieurs lecteurs avaient été déçus du contenu de ce premier tome, lui reprochant notamment son contexte. Il est vrai que, après lecture des premières pages, on peut s’imaginer suivre l’aventure de Peter puisqu’il semble être le personnage principal. Or, la quasi totalité de l’intrigue met en scène d’autres personnages, à une autre époque, et Peter n’en est que le témoin ébahi.

Couverture des Outrepasseurs
Les Outrepasseurs : Tome 1 – Les Héritiers, de Cindy Van Wilder, chez Gulf Stream édition.

Adolescent évoluant en 2013, Peter est un jeune homme tout ce qu’il y a de plus normal. Il compense l’absence de son étrange mère célibataire par le sport et semble d’ailleurs avoir fait de fulgurants progrès ces dernières semaines. Son quotidien connaît cependant des changements encore plus grands lorsqu’il est entraîné bien malgré lui dans une étrange cérémonie. Dans une noble demeure, une dizaine d’adolescents sont réunis autour d’une piscine dans laquelle d’effrayantes créatures les attendent.
Le but de cette intronisation ? Apprendre l’histoire de leurs ancêtres. Car tous ces jeunes gens ne sont pas tout à fait normaux, en eux coulent un pouvoir ou plutôt une malédiction née en plein cœur du Moyen Age, dans les premières années du XIIIe siècle. Grâce à plusieurs plongées successives dans la piscine, Peter et les autres héritiers vont découvrir petit à petit tous les secrets de leurs origines… et le lecteur, comme si lui aussi était concerné, va suivre l’aventure, les yeux ébahis.
Ainsi, à part quelques minuscules chapitres prenant place en 2013 autour de l’étrange piscine principalement, 90% du texte suit l’intrigue 8 siècles plus tôt, auprès des ancêtres. La surprise peut donc être déstabilisante pour ceux qui pensaient vivre l’aventure magique d’un adolescent dans notre monde contemporain. Pas vraiment de Young Adult – Urban Fantasy ou que sais-je encore, mais du merveilleux à la source : dans la France médiévale !

Parce qu’au cœur de ce village reculé on rencontre toutes sortes de créatures, à commencer par la cohorte de fés (les fées avec un -e étant les femmes), uniquement de passage pour un temps défini, le voile entre les deux mondes ne pouvant s’ouvrir que sous des conditions bien particulières. Mais voilà, le plus impitoyable d’entre eux, le Chasseur, est bien décidé à repartir avec un trophée humain, de préférence le jeune et délicat Arnaut. L’enlèvement ne se déroule pas aussi facilement que prévu et c’est tout un village qui va faire face aux fés.
Je vous en ai déjà trop dit, mais comme vous pouvez le constater, on est assez loin de ce que l’on pouvait s’imaginer à première vue. Et j’ai adoré. J’aime les romans dans lesquels les fés sont celles originellement décrites dans le folklore “celtique”, à savoir sans morale, inconsciente des notions de Bien et de Mal. Loin des gentilles marraines dotées d’ailes, les fés de Cindy van Wilder enlèvent des enfants pour leur bon plaisir et sont des créatures particulièrement sensuelles, qu’on n’aimerait assurément pas croiser la nuit dans la forêt (cf Faërie de Raymond E. Feist). Ajoutez à cela le contexte médiéval emprunt de croyances, de religiosité et d’intolérances et vous voilà plongé à votre tour dans le monde assez sombre des Outrepasseurs. Pas si jeunesse que ça, n’est-ce pas ?

Là où j’amènerais peut-être un petit bémol c’est dans l’affluence de personnages évoluant en 1206. C’est tout un village et donc plusieurs familles que l’on suit dans cette histoire et si la plupart des figures sont assez travaillées pour qu’on arrive à les distinguer les unes des autres, ce n’est pas toujours des plus évidents. J’ai surtout retenu les membres de la famille d’Arnaut, l’adolescent convoité par les fés, qui connaissent quelques tensions “internes”. Les villageois sont crédibles dans leur histoire personnelle mais ils sont finalement un peu trop nombreux pour qu’on s’y retrouve totalement et surtout qu’on s’attache à eux.
A contrario, Peter que l’on suit finalement assez peu, semble être un personnage pour lequel on aura beaucoup d’empathie. Je pense que la suite sera davantage tournée vers lui et je ne doute pas d’apprécier à nouveau (si ce n’est encore plus) l’aventure. J’espère avoir également l’occasion de rencontrer à nouveau les fés et leur reine puisque les créatures complexes, intriguent et n’ont sans doute pas révéler tous leurs secrets !

Derrière cette belle jaquette avec rabat, c’est une malédiction née au coeur du Moyen Age qui prend forme sous nos yeux surpris. Les habitants d’un petit village doivent faire face à la volonté implacable d’un groupe de fés et les conséquences sont terribles pour l’avenir… Cindy van Wilder pose des bases solides dans ce premier tome, il ne reste plus qu’à lire la suite pour découvrir le destin des jeunes héritiers adolescents en 2013 !

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