Le Club, Michel Pagel

Tout le monde connait le Club des Cinq, la série de romans à succès qui raconte les rocambolesques aventures de quatre enfants, Claude, François, Mick et Annie, et de leur chien, Dagobert. Ce que l’on sait moins, c’est que le Club des Cinq est en réalité les Famous Five, Georges, Julian, Dick, Anne et leur chien Timothy. Car lors de la traduction de la série d’Enid Blyton, beaucoup de choses ont été changées, des noms de personnages aux lieux ; le Dorset des cotes du sud de l’Angleterre est ainsi devenu la Bretagne française, et le château de Kirrin transformé en château de Kernach.

C’est donc dans cette transposition française que les enfants sont un jour devenus des adultes. On est alors trente ans plus tard. “Dagobert est mort depuis longtemps, bien sûr” (incipit). Claude, le garçon manqué, est devenue lesbienne non-binaire, et a suivi les traces de son père comme scientifique. François, le plus intelligent et pragmatique, est devenu un commissaire froid et détaché. Mick, le débrouillard casse-cou, est devenu une canaille criminelle. Et Annie, la naïve fille un peu bébête, a enchainé les maris et les grossesses, sans jamais se prendre en main.

Tout ce beau monde, séparé depuis longtemps, se retrouve une dernière fois à la Villa des Mouettes pour fêter Noël. Mais, alors que ce n’était jamais arrivé au cours de leurs aventures, la mort commence à frapper. Une nouvelle énigme, une nouvelle aventure, de nouveaux frissons dans la nuque…

On retrouve dans ce livre avec plaisir les personnages de notre enfance. Même s’ils ont changé et ont été démolis par la vraie vie, la vie d’adulte, pleine de cahots et de malheurs, ils sont au fond restés les mêmes, par leur caractère. Ils vont se retrouver malgré eux – ou pas ? – plongés dans cette nouvelle épopée, plus sombre que tout ce qu’ils ont jamais eu à affronter, s’aidant de leur expérience adulte pour replonger en enfance. On va découvrir petit à petit ce cataclysme qui a tout changé, qui a tué le Club mais pas ses membres, et on comprend peu à peu la disruption entre les personnages anglais, présents dans l’imaginaire collectif de la psychosphère et les individus de chair et d’os français.