Les Contes du Whisky Jean RAY chez ALMA éditeur

Né en 1887 en Belgique, Jean RAY a écrit plus de 6500 textes dans sa carrière. Il a, entre autres, réinventé les histoires de Harry Dickson dont il n’aimait pas les traductions et en a fait LE Harry Dickson, le grand détective américain repris ensuite par d’autres auteurs.

Homme de son époque, il a écrit des textes pour la jeunesse, des polars et du fantastico-réalisme. C’est de ces textes-là dont nous allons parler aujourd’hui.

Les histoires sont géniales. Glauques, absurdes, méchantes, tristes, ironiques. Toutes prennent naissance dans la boue sale des quais des grandes villes, les espaces noirs des paysages fantomatiques, ou les recoins des maisons malsaines des quartiers les plus pauvres. Toutes se passent la nuit, et toutes sont racontées par des narrateurs imbibés…de whisky. Et il faut bien ça pour plonger dans l’univers acerbe et drolatique de Jean RAY. On peut le comparer à E.A POE, mais en franchement plus drôle, et dans un univers beaucoup plus sinistre. Il n’y est question que de putains affamées, de marins égarés, de chômeurs miséreux et d’usuriers véreux. Vous allez me dire que ça n’a rien de d’amusant, mais si, car il fait de ces personnages des humains pitoyables et capables de tout, y compris de regarder les monstres en face à face et de leur offrir un coup à boire ! Nous sommes toujours à la limite entre le fantastique et le réel et c’est à nous de savoir si les histoires sont vraies, ou le résultat d’un détrempage alcoolisé. Le style est percutant, et les histoires très courtes se lisent en un coup d’œil.

Deux petits extraits pour la route :

« Il n’y a rien de plus stupide dans toute la création vivante qu’un saumon, si ce n’est mon ami Jeroboam Nussepen. Cette histoire n’a rien à voir avec Jeroboam Nussepen et par contre, on y parle beaucoup d’un saumon. »

« Il y avait quarante ans que Rooks peinait dur. Il vivait avec son père qui avait un peu d’argent et qui économisait férocement ce que gagnait son fils. Quarante ans ! Et le vieux ne voulait pas mourir !

Un soir, Rooks rencontra une belle fille rousse qui voulait bien être à lui pour trois shillings. Rooks étrangla son père et devint l’amant de la belle fille. Au bout d’un mois, il lui resta huit pence. »

Voilà, lisez les Contes du Whisky, en vente dans toutes les bonnes librairies et en prêt dans toutes les bonnes médiathèques