CARBONE et SILICIUM BD de Mathieu BABLET éditée chez Ankama

Ankama est une fabuleuse maison d’édition qui n’a pas hésité à produire des Art Book, à sortir Tank Girl, des comics book, des manga, de la hard Fiction et j’en passe. Preuve de leur bon gout, ils ont édité Florent Maudoux et son Freaks Squeele, avec tout l’univers qui va avec (Rouge, Funérailles, Masiko, Vestigiales).

Chez eux, j’ai aussi découvert PTSD de G.SINGELIN, Mutafukaz de Run, The Kong Crew de E.Herenguel, Pandala de Hottin, City hall de Guérin et Lapeyre, et d’autres, plein d’autres.

Que du bon vous dis-je !

Quant à Mathieu BABLET il avait déjà commis pas mal de BD dont Adrastée et surtout Shangri-La.

Carbone et Silicium a reçu le prix Fnac -France Inter, les critiques sont dithyrambiques, et presse spécialisée comme journaux classiques ne cessent d’en chanter les louanges.

Alors alors, quel besoin ai-je d’ajouter mon grain de sel ?

Le dessin de Mathieu Bablet est toujours aussi particulier, et autant il me faut du temps pour l’apprécier, autant j’y découvre de plus en plus une poésie et une émotion délicate et forte.

Le scénario, ambitieux, raconte les deux histoires parallèles de Carbone et Silicium, deux androïdes qui vont survivre pendant des décennies et être les spectateurs impuissants de la destruction de l’humanité. Ces témoins du temps qui passe vont être admirés, aimés, chassés. Ils vont parfois se détester, mais incapables de vivre l’un sans l’autre, leurs retrouvailles de siècle en siècle seront les jalons de leurs longues existences.

Certaines scènes seront poignantes, d’autres, glaçantes, et s’y mêlerons quelques fois une poésie touchante.

Oui, mais voilà.

Je suis désolée de ne pas joindre ma voix à tous les admirateurs de cette BD, car :

Tout ça pour quoi ?

Et bien….

La vie c’est dur, la mort nous attend tout et le monde va crever.

Ah…oui on est mortel et la collapsologie est à la mode.

Les androïdes sont meilleurs que les humains, car ils n’ont pas de pulsions.

Ah….oui, les émotions c’est mal.

L’un est égoïste autant que l’autre est altruiste, mais c’est la solitude qui les perdra, l’un finissant seul à un bout du monde, l’autre finissant perdu (paradoxalement)dans une pensée/entité collective.

Ah…oui, il est mieux d’être solidaire et travailler ensemble pour un futur radieux.

Belle découverte, originalités des sujets.

Ok. Reprenons depuis le début.

Un dessin très impressionnant, un scénario de 300 pages, 6 ans de travail, pour un constat, ben…, un constat un peu benêt (désolée).

Est-ce le recul qu’ont les personnages qui empêche d’avoir de l’empathie ? Est-ce une humanité juste dessinée en arrière-plan qui nous laisse insensibles à son destin ?

Un peu des deux sans doute.

Mais du coup, le livre me laisse un arrière-gout de « Tout ça pour ça ? »

Pas d’originalité, pas de regard singulier, pas de vision dissimilaire. Rien que :

On vit, on meure l’humanité coure à sa perte.

Depuis l’aube des temps, savants, philosophes, écrivains se répandent sur la peur que le ciel nous tombe sur la tête, que le monde vivant soit englouti et sur le fait que l’homme doit croire en la vie éternelle, car sinon, il n’a rien à se raccrocher. Poncifs.

Faut-il croire que les critiques ont lu si peu de SF qu’ils pensent le sujet original ?

Ici, rien de nouveau sous le soleil. Désolée pour Mathieu Bablet.

Valdes