D’Alex Nicolavitch-édition Les Moutons électriques.
Le petit serviteur, l’ancelot, quitte ses terres pour chercher gloire et fortune au pays de l’ancien roi Uther, compagnon d’armes de son père adoptif. Accompagné d’une grande chienne noire rencontrée par hasard, il va tenter de se faire un nom dans ce pays encore traversé de pillards, peuplé d’hommes en armes.
Première rencontre, première victoire, et premiers doutes. À chaque combat, sa réputation s’amplifie et bientôt, nombreux sont ceux qui le veulent à leur côté.
Mais lui, l’ancelot, le paladin en devenir, ne se reconnait pas dans ces récits. Oui, il veut être brave, oui, il veut être courageux, fort. Mais alors, pourquoi est-il assailli de doutes lorsqu’il doit tuer, pourquoi préfère-t-il défendre une terre, qu’être le héros célébré à la table des rois ?
Au fur et à mesure de son voyage, l’ancelot va devoir apprendre à être ce guerrier de légende, celui qui va devenir le compagnon d’Arthur, le sauveur ou l’amant de Gwenhwyfar, celui dont les exploits vont être racontés dans les plus beaux récits du 12ème siècle.
Mais pour le moment, il va devoir comprendre que ce n’est pas la gloire qui l’attire. Ce qui va donner un sens à sa vie, c’est le respect des lois, l’amour d’une terre profanée par les guerres, le dévouement de ceux qui la travaillent et qui suent sang et eau pour protéger les leurs. La boue, la sensation rêche de la paille d’orge, l’humidité nauséeuse de la vase, les taches de soleil à travers des feuilles vertes, ces humains qui pleurent la mort d’un chien ou qui rient à la vue d’un enfant, c’est ça qui va le pousser à être le symbole de la chevalerie.
La Bretagne n’a pas besoin d’un soudard de plus, elle a besoin de héros.
Au milieu des fées et des mystères des pierres levées, l’ancelot va devenir ce chevalier, cette légende, cet homme plus grand que son propre nom.
Récit court (220 pages), poétique, ramenant forcément au texte de Chrétien de Troyes, mais avec une humanité que ne possède pas le texte d’origine, l’ancelot est une véritable histoire d’aventure, qui laisse la place à la beauté du monde, au merveilleux, mais surtout à la véritable construction d’un être humain.
En plus de tout ça, la couverture est une merveille.
-Il est normal pour un jeune impétueux de se nourrir de chants héroïques. Mais une fois qu’il a contemplé la mort en face, il peut comprendre enfin ce que les chants ne disent pas.
-Que le combat est aussi boue, souffrance et honte ?
-Par exemple.
…..
-Je n’ai rien à t’apprendre
-Mais vous m’aviez dit…
-Je t’ai dit que cela s’apprenait. Mais tu n’as pas frappé à la bonne porte. Je forme des soldats. Toi, tu es comme Uther. D’une autre espèce.