Elle nous avait habitués à des histoires fantastiques, des mondes dans d’autres mondes, à des héroïnes attachantes et fortes.
Là, ce n’est plus la même ambiance…plus du tout.
Ce livre raconte une rentrée scolaire, un non-événement, un fait à priori banal. Il y a les petits qui ouvrent grand les yeux, les amies qui se retrouvent, celles qui se perdent, et puis il y a surtout la liste : celle qui explique qui sont les Bas, les Hauts, Les Paires, Les Impairs, les parias, les intouchables.
La loi est clair, et personne, ni les élèves, ni les adultes (quasiment tous absents) ne peuvent la changer.
Si tu tombes, personne ne te relèvera, et si tu montes, chacun attendra ta chute.
Alors, on subit, on transcende, on meurt, et même si parfois, on essai de changer les règles, soyez sûr que cela ne vous sera jamais pardonné.
Parler du harcèlement scolaire n’est pas simple, et si Christelle DABOS prend la voix du fantastique, c’est certes pour prendre de la distance, mais c’est aussi pour démonter les douleurs, les pertes.
Pas de moral ici, pas de fin heureuse avec le sauvetage des plus faibles. Les mécanismes sont dénoncés oui, mais tout vous rappelle qu’il n’y a pas de solution miracle. Au mieux, chacun essaie de devenir un être humain. Certains font preuve de courage, d’autres de résignation, certains se trouvent, d’autres se perdent.
Seule lumière de ce texte assez éprouvant : il n’y a pas de fatalité, et chacun doit trouver son chemin.
C’est étrange, parfois dur, parfois lumineux.
On devrait le faire lire à tous les proviseurs et autres principal/es
Déjà excédé, le prof. Il décapuchonne et recapuchonne des marqueurs usagés qui ne laissent au tableau que des lettres fantômes. La date du jour couine. Chacun s’installe à sa place, déballe ses affaires, réaffirme son territoire ; chewing-gum collé dans le casier, initiales gravées au cutter. Deux chaises par table, évidement, et, évidemment, je me retrouve seul en fond de la classe.
Le nombre impair. Le valet de pique. Le pouilleux, même si j’ai jamais eu de poux, même si je suis ni gros, ni grêle, ni gras. Juste impair.