La saga de Lady Astronaute par Mary Robinette KOWAL

Vers les étoiles/Vers Mars/Sur la Lune

En 1952, une météorite s’écrase sur la terre. Elle détruit toute une partie des USA, mais surtout, elle recouvre de cendre et de poussières, la totalité de notre planète Terre.

La terre n’est plus une maison pour les humains, mais un tombeau qui va s’enfoncer dans le gris et l’asphyxie.

Une seule solution : reconstruire dans l’espace, une civilisation humaine.

À partir de là, nous allons suivre l’auteur dans sa relecture d’une histoire de la NASA, qui va mêler vérité historique, SF, et relecture d’une aventure que nous avons déjà vécue.

Mais surtout, on va vivre cela du point de vue des femmes.

Si tout est (presque) vrai, l’auteure refait l’histoire en y incluant des astronautes femmes, ex-pilotes de guerre, des calculatrices reconnues dans leur travail, des scientifiques obligées d’être en talons et jupes crayons pendant les photos officielles.

Car si les femmes font partie de l’aventure spatiale, le machisme et le paternalisme n’ont pas pour autant disparus et les années 60 de cette uchronie restituent parfaitement l’ambiance des labos scientifiques de l’époque réelle.

Et dans ces histoires, nous allons surtout entendre la voix d’Elma YORK, pilote, mathématicienne, épouse d’un ingénieur, qui va tout faire pour être inclue au premier programme de voyage sur la Lune. Ambitieuse, rêveuse, anxieuse, amoureuse, elle va se heurter de plein fouet avec la misogynie ordinaire. Balancée entre son envie de vivre sa vie d’épouse, et son irrésistible besoin d’être pilote de fusée, elle va devoir avaler nombre de couleuvres, accepter des hommes moins compétents qu’elle comme supérieurs hiérarchiques, subir humiliations publiques et sourire quoiqu’il en coute.

Mais elle s’envolera.

Elle s’envolera même sur Mars, alors que ces amies deviendront les piliers de la colonisation lunaire.

Ces trois bouquins ne sont pas exempts de défauts, de longueurs, mais…ils ont un charme fou dont je ne peux me défaire.

La conquête spatiale vue par les femmes : on en rêvait, M.R Kowal l’a fait.

Le mélange ultra réaliste de l’entrainement des astronautes, des avancées et des échecs scientifiques, mais surtout, le combat des femmes qui veulent être pilotes, chercheuses, ingénieures, qui doivent constamment prouver leurs compétences alors qu’on ne demande aux  hommes que d’être… des hommes, ne peux que résonner extrêmement fort aujourd’hui.

La lutte pour l’émancipation féminine peut prendre bien, des chemins, mais j’ai beaucoup aimé celui emprunté par Mary Robinette KOWAL.

Alors, si vous aimez l’histoire de la conquête spatiale, si vous aimez les histoires un peu (beaucoup) féministes, si vous aimez sentir la sueur des combinaisons des astronautes, lisez ces bouquins.

(attention, suivez l’ordre chronologique, pas l’ordre de parution)

(ps : ci dessous quelques extraits)

L’espace ne concernait qu’un certain pourcentage de la population. De nombreuses personnes resteraient sur Terre. Nécessairement. Ça ressemblerait à un programme d’eugénisme sélectif qui… honnêtement, je n’avais pas encore réfléchi à l’horreur de cette situation.

Mais quel choix avions-nous ? Oui, les scientifiques s’efforçaient de limiter cet effet de serre incontrôlable, mais le temps qu’on sache si leurs efforts avaient payé ou non, il serait trop tard pour établir des colonies.

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– Et le climat ?

-Très agréable, aujourd’hui

-Tu sais de quoi je parle.

– Je sais, oui. Mais justement. Quand le temps est agréable, c’est difficile de convaincre les autres qu’un changement climatique catastrophique s’annonce.

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Dans l’immédiat, il n’est pas question d’envoyer n’importe qui dans l’espace. Ni femme, ni homme, d’ailleurs. Mais à titre d’exemple, je me disais qu’on pouvait peut-être envisager certaines pilotes du WASP. Pendant la guerre, on comptait 1027 femmes pour les seuls États-Unis, elles ont chacune accumulé en moyenne sept cents heures de vol. Et parmi elles, 792 ont largement dépassé les mille heures. Le pilote de chasse moyen, en revanche, n’atteint…

– Non.

– Je… Je vous demande pardon?

– Pas question d’envoyer une femme dans l’espace.

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– Vu comme tout le monde s’occupe de lui, on jurerait qu’il a été blessé au combat.” Elle a ouvert son classeur en faisant mine d’écouter Clemons. “On murmure qu’il s’est fait opérer pour réduire la taille de son balai dans le cul.

– L’opération a échoué.

– On dirait, oui.”

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et là, je leur ai dit que s’ils tenaient tant à limiter la charge utile, il suffisait de demander aux astronettes de laisser leur sac à main chez elles.

Les gars se sont esclaffés. Nicole a levé sa tasse de café vers eux.

-Mais si on fait ça, où allez-vous ranger vos couilles ?