Jeanne Mariem Corrèze
Éditeur : Les Moutons Electriques
Alors moi, j’ai attaqué ce livre parce qu’à priori, il y avait des dragons.
Et moi, j’aime les dragons.
Bon, en fait, les dragons, on ne les voit pas beaucoup.
Mais ce n’est pas grave, parce que l’histoire fonctionne très bien.
Dans une école, mi-monastère, mi-camp militaire, la jeune Sophie passe plutôt inaperçue. Elle n’est pas nulle, pas excellente non plus, et rien ne la prépare à être l’écuyère de la matriarche et donc certainement la suivante dans l’ordre de la succession.
Rien ne laisse non plus deviner qu’elle sera celle qui retrouvera l’épée de Lunde, cachée par Merlin, et qu’ainsi, elle va réveiller une vieille prophétie.
Mais les prophéties, on leur fait bien dire ce que l’on veut, et si Sophie a été choisie, cela n’est peut-être pas du tout un hasard.
Alors, prédestination ? Manipulation ?
Sur une base classique d’apprentissage et de cheminement vers la réalisation de soi, l’auteure nous sert un récit qui fonctionne parfaitement, en autre grâce aux personnages secondaires. Beaucoup de femmes dans cette histoire : des malveillantes, des odieuses, des amantes, des amies, toutes bien dessinées, loin des caricatures. Chacune a son rôle, et chacune choisi son camp, mais toutes pour de bonnes raisons. Et dans un contexte imminent de guerre, abandonner les stéréotypes pour faire entendre plusieurs sons est une excellente façon de raconter le monde.
Alors, tant pis pour les dragons, on a un univers riche, complexe, qui vaut largement le détour.
“Nous ne sommes pas dans un conte , Eliane de Nordeau ! Je ne reviendrai pas vers toi par trois fois afin que tu puisses te décider .Et je ne suis pas non plus un démon venu te demander la première âme qui passera le pont que tu construis. Ton ouvrage est grand, ta cause noble, ne tourne pas le dos au destin pour d’insipide principes!”